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Maroc

Durant les mois d’avril et de mai, un BootCamp d’accompagnement en entrepreneuriat s’est déroulé à l’Ecole de Jardinage Bouregreg Med-O-Med, dans la ville de Salé, à destination de 17 apprenti·es jardinier·es. Cycle de formations sur 5 jours par l’association AMC, cet accompagnement avait pour objectif de renforcer l’estime de soi de ces jeunes en vue de faciliter leur insertion socioprofessionnelle.

Cette formation s’inscrit dans le cadre du projet Karamati, que nous menons en partenariat avec  le Conseil Régional de Rabat-Salé-Kénitra, l’Association Marocaine Chantiers-Écoles pour le Développement (AMC), l’école de jardinage Bouregreg Med O Med et l’Organisation Démocratique des Travailleurs au Maroc (ODT), et qui vise à soutenir l’insertion socio-économique des femmes et des jeunes dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, en contribuant à faire respecter et appliquer les droits au travail décent de 140 aide-ménager·es et de 50 jeunes jardinier·es. Le projet est financé par Brussels International.

Un contexte difficile pour les travailleur·ses domestiques

Ce projet Karamati se déploie dans un contexte grandissant de chômage et de vulnérabilité pour ces deux catégories de métier, comme le souligne Khadija Bratti, coordinatrice du projet : “Le projet porte bien son nom KARAMATI (dignité), c’est le cœur de la problématique. L’objectif est de redonner du sens à ces métiers de travailleur·ses domestiques, rehausser le respect que l’on doit aux aide-ménager·es et aux jardinier·es qui travaillent souvent dans des conditions très précaires, les former sur leurs droits, leur offrir l’opportunité de s’organiser et de progresser. En bref, redonner la dignité au travail à ces femmes et ces hommes.

Lancement du projet Karamati en présence de l’ensemble des partenaires opérationnels, financiers et stratégiques

Ainsi, l’Association Marocaine Chantiers-Écoles pour le Développement (AMC) a piloté une formation en entrepreneuriat à destination de ces jeunes jardinier·es afin de répondre à la problématique de chômage, mais aussi pour soutenir les services publics de prise en charge des groupes vulnérables : “Les pouvoirs publics ont mis en place plusieurs centres de formation et de prise en charge des groupes vulnérables. Mais malgré cet effort important de formation, les mécanismes de suivi et d’accompagnement post-formation restent faibles et incomplets”, explique Taha Morarech, formateur-accompagnateur de l’association AMC. “Le projet de formation proposé par AMC, avec l’appui d’Echos Communication, constitue une réponse à ces problèmes diagnostiqués et se propose d’assurer une complémentarité avec les systèmes actuels de prise en charge des groupes vulnérables” conclut-il.

Quelle est la nécessité de cette formation en entrepreneuriat ? 

Un des formateurs, Taha Morarech, explique que les jeunes à qui profite cette formation sont en situation de décrochage scolaire, déscolarisé·es ou en situation vulnérable. La plupart n’ont aucune formation secondaire et ont arrêté l’école très tôt. De plus, ces jeunes n’ont pas l’habitude de travailler sur des outils de développement personnel : à titre d’exemple, parler d’eux ou d’elles-mêmes est tout nouveau pour eux. Par ailleurs, d’autres difficultés s’ajoutent pour certain·es d’entre eux et elles, telles que la difficulté de communication pour certains jeunes analphabètes; la difficulté de se déplacer pour certains jeunes en situation vulnérable; la violence et la mentalité de quelques-un·es ou encore, le manque d’implication ponctuelle aux activités de la formation.

Atelier de formation donné par l’Association Marocaine Chantiers-Écoles pour le Développement (AMC)

De ce fait, une fois que ces jeunes ont leur certification professionnelle en poche, ils et elles ont besoin d’un accompagnement post-formation et d’une formation en entrepreneuriat pour faciliter leur insertion socioprofessionnelle. Et c’est ce que ce cycle de formations se propose de faire. Achraf Kharraz, superviseur de la formation, conclut en ajoutant que “l’entrepreneuriat des jeunes est au cœur des priorités politiques, car c’est un moyen de favoriser la compétitivité et l’emploi. Les jeunes entrepreneur·ses ont le potentiel nécessaire pour créer une nouvelle dynamique économique génératrice de croissance et d’emploi”.

Un chemin d’accompagnement en trois étapes 

Concrètement, l’AMC propose une formation en entrepreneuriat en trois étapes, comme nous l’expliquent Taha Morarech et Achraf Kharraz, sur une durée de cinq jours. Tout d’abord, une étape BootCamp qui a pour objectif de “sensibiliser et motiver les jeunes à construire leur propre projet et de développer une idée claire de ce projet”. Ainsi, cette première phase va servir à sensibiliser, identifier et sélectionner les bénéficiaires pour finalement, les répartir en groupes de travail selon leur idée de projet. 

Après cela, c’est la phase de pré-création qui débute. Elle vise à apporter à ces jeunes les compétences et soft skills nécessaires à la réalisation de leur projet et leur permet d’acquérir les bases méthodologiques en matière de gestion de projets et d’élaboration de business plan, en cohérence avec leur projet de création d’activité. A travers cette formation, les soft skills importantes à acquérir sont “l’estime de soi, la gestion du temps et du stress, la négociation” explique Taha Morarech, mais également “la résolution de problèmes, la communication et la créativité” complète Achraf Kharraz.

Les apprenti·es jardinier·es travaillant sur leur idée de projet

Finalement, la dernière étape est celle de post-création et va consister à suivre les jeunes afin de prolonger leur formation en gestion de projet une fois que leur activité a été créée. Cela permet d’une part, d’améliorer les savoirs, savoirs-faire et savoir-être du jeune entrepreneur·se et d’autre part, de rétrécir l’écart entre ses compétences actuelles et celles requises pour améliorer sa performance et maintenir son avantage compétitif. Par ailleurs, une attention particulière a été portée aux bénéficiaires exerçant ce métier en ayant un handicap léger et/ou en étant de nationalité étrangère. 

Pour en savoir plus sur les activités réalisées et les intervenant·es mobilisé·es, un compte-rendu détaillé se trouve ci-dessous. 

De la formation à la concrétisation 

A l’issue de ce parcours d’accompagnement en entrepreneuriat, trois coopératives spécialisées dans le métier de jardinage ont été créées par les apprenti·es jardinier·es de l’école de Bouregreg Med O Med : la coopérative Tiwisi Elssalam pour le tourisme écologique, la coopérative Sidi Mzian pour le tourisme et les services, ainsi que la coopérative Le jardinage écologique pour le jardinage. Les jeunes mettent alors directement en pratique et concrétisent les acquis qu’ils et elles ont reçus lors de la formation.

Cérémonie de clôture et de remise d’attestation à l’Ecole de Jardinage de Bouregreg Med-O-Med

Ainsi, durant le mois de juin, se sont déroulées les Assemblées Générales Constitutives (AGC) de ces trois coopératives, en présence du représentant de  l’ODCO, les responsables de l’École, le représentant pays d’Echos Communication et le Président de l’AMC. Les apprenti·es jardinier·es sont également en train de finaliser l’ensemble des démarches administratives et juridiques nécessaires afin que les coopératives respectent les lois en vigueur et soient opérationnelles. L’objectif est que les jeunes puissent commencer leur travail professionnel dans les plus brefs délais.

Les apprenti·es jardinier·es avec leur attestation et l’ensemble des parties prenantes du projet

Finalement, une cérémonie de clôture a été organisée le 27 juin 2023 au profit des 17 apprenti·es jardinier·es qui ont suivi la formation de l’AMC. A cette occasion, les lauréat·es ont été salués par la remise d’une attestation de fin de formation et ont reçu du matériel professionnel afin d’être outillé·es pour leurs travaux de jardinage. Pour la suite du projet, deux autres BootCamp vont être organisés pour les autres promotions de deuxième année de l’école de jardinage et seront programmés pour la prochaine rentrée scolaire.

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