Belgique et Maroc, MENArt
Lancé en 2022, après plusieurs reports dus à la crise sanitaire, le projet MENArt a été mené dans plusieurs classes de secondaires à Bruxelles et plusieurs associations de jeunes à Rabat sous forme de cinq ateliers pédagogiques et artistiques. Clôturé le 25 mai dernier par le MENArt Festival, voici le chemin qui a été parcouru par ces jeunes Bruxellois·es et Rabati·es.
Photo d’ouverture: La chanteuse Imaina sur scène, par Youssef Tsouli ©
Une sensibilisation aux inégalités mondiales, locales et à leurs interconnexions
Tout au long d’ateliers pédagogiques, par le prisme de la thématique centrale que représente la situation des MENA, les élèves ont été amené·es à se questionner sur les inégalités socio-économiques, en partant de la problématique de la pauvreté dans leur ville, avant d’investir les enjeux mondiaux. Mais pourquoi cet intérêt particulier pour les MENA ? Si la crise de l’accueil des réfugié·es en Europe représente un désastre humanitaire intolérable, elle devient d’autant plus insoutenable lorsqu’elle concerne des enfants isolé·es… des enfants contraint·es de s’exiler, qui ont éprouvé un parcours migratoire traumatisant et dont le cheminement vers la reconnaissance est semé d’embûches (manque de place dans les centres d’accueil, doutes sur leurs récits, test osseux controversés, …).
Il est donc plus que nécessaire d’alerter l’opinion publique sur cette problématique et de susciter un engagement citoyen et politique pour une amélioration de l’accueil de ce public fragilisé. C’est pourquoi le projet MENArt vise à sensibiliser les adolescent·es, citoyen·nes en construction et les invite à prendre conscience des injustices qui touchent des jeunes de leur âge, dont ils et elles peuvent se sentir proches. Les jeunes ont ainsi été amené·es à conscientiser leur capacité d’action, à penser des pistes de solutions, à formuler des recommandations et à développer un engagement citoyen solidaire.
L’expression artistique comme vecteur de sensibilisation
Pour cela, nous avons mis à disposition du personnel éducatif une mallette pédagogique, élaborée en partenariat avec KIYO, afin de sensibiliser les élèves à la problématique des MENA sur base de cinq ateliers : “Inégalités, tu dis ?”, “La pauvreté dans ma ville”, “ODD10, #WhatIsIt ?!”, “Et les MENA dans tout ça ?” et “Maintenant, on bouge !”. Dans ce parcours d’apprentissage, l’expression artistique a été utilisée pour témoigner de ce que l’on a appris et le partager.
En Belgique, le projet a été mené dans une dizaine de classes de secondaires de l’Athénée Royale de Bruxelles II, dans le cadre du cours de philosophie et citoyenneté. Lors de ces différents ateliers, les jeunes ont eu l’opportunité d’échanger avec des professionnel·les de l’accueil des MENA et d’entendre des témoignages d’ex-MENAs, notamment grâce à MentorEscale, une asbl qui a pour mission d’accompagner les Mineur·es Étranger·es Non Accompagné·es (MENA) vers l’autonomie, et au Centre Fedasil de Florennes, qui est un centre d’accueil ouvert pour demandeur·ses de protection internationale en Belgique. Ces échanges de témoignages et d’expériences ont permis aux jeunes de réfléchir ensemble à des solutions pour améliorer l’accueil des MENA en Belgique
Dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, le projet a été adapté au contexte national pour se concentrer sur la situation des jeunes personnes migrantes résidentes au Maroc. Il s’est déroulé en partenariat avec l’association Arc-en-Ciel, basée à Salé, qui agit aux côtés des plus vulnérables, lutte contre les causes d’inégalités et œuvre pour la justice et la transformation sociale. Ainsi, le projet s’est déroulé en deux temps : dans un premier temps, 10 formateur·rices ont été formé·es à la problématique et l’utilisation de la mallette pédagogique pour, dans un second temps, sensibiliser un groupe de 40 jeunes, âgé·es de 16 à 21 ans et plus. Ce groupe, composé de jeunes marocain·es et de personnes migrantes résidentes au Maroc, ont été sensibilisé·es aux questions d’inégalités mondiales, d’interculturalité, de genre, de diversité, de vivre ensemble ainsi qu’à la question de la mobilisation en faveur d’une meilleure inclusion des jeunes étranger·es vivant au Maroc. Pour ce faire, notre mallette pédagogique a également été adaptée au pays pour coller au plus près des réalités du terrain marocain. A titre d’illustration, l’atelier 4 “Et les MENA dans tout ça ?” est devenu “Et la migration dans tout ça ?”.
MENArt Festival : maintenant, on bouge !
Titre du dernier atelier du programme, celui-ci invitait les jeunes à s’exprimer sur le sujet des MENA : formuler et présenter des recommandations, exploiter leur créativité et sensibiliser par l’art. Les créations qui en sont ressorties ont été présentées lors du MENArt Festival, événement de clôture qui s’est déroulé le 25 mai 2023.
Cet événement a invité deux classes participantes de l’Athénée Royale de Bruxelles II à présenter leurs recommandations pour un meilleur accueil des MENA devant un comité d’expert·es lors d’une rencontre informelle et musicale. Le comité d’expert·es était composé de Michiel de Baere, de Kiyo, Emile Sondag, de Mentor Escale, Amina Soudi, d’Arc-En-Ciel, Anne-Catherine de Neve, de Belrefugee, Aicha Bakkali, d’Alamia, et Amina Benzari de Koekel’aide. Ainsi, les divers moments d’échanges et de réflexions ont été ponctués par plusieurs représentations musicales, offertes par Qasem et Vortex, Imaina et la DJ Tartelet Harissa. La journée était également animée par Insaf, des Ambassadeurs d’Expression Citoyenne. Rencontre privée, cet événement a été diffusé en direct sur notre chaîne Youtube afin que les élèves sensibilisent, à leur tour, un plus large public à la situation difficile que vivent les MENA. Quant au Maroc, une capsule vidéo des différentes activités menées dans la région de Rabat-Salé-Kénitra a été réalisée avec les jeunes et a été diffusée le jour de l’évènement devant les étudiant·es belges.
Dans l’ensemble, ce festival de clôture a été une réussite car il a permis de créer un espace d’expression pour les jeunes, hors du domaine scolaire, afin qu’ils et elles puissent partager leurs ressentis face à la situation que vivent d’autres jeunes de leur âge. A cette occasion, le Centre Fedasil de Schaerbeek et Globe Amora, un espace culturel spécialisé dans l’accompagnement des primo-arrivants, nous ont rejoints accompagnés d’une vingtaine de Mineur·es Etranger·es Non Accompagné·es pour un moment de rencontre avec les élèves de l’Athénée. Finalement, plusieurs élèves sont monté·es sur scène afin de partager le fruit des réflexions de groupe autour d’un meilleur accueil des MENA. Un moment très riche en émotions, autant par la prise de parole publique de ces jeunes que par le contenu – parfois très poussé – de leurs recommandations !
Pour revoir le MENArt Festival : https://www.youtube.com/watch?v=Ltrkc1nW2Bg