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Amuddu : favoriser l’insertion socioéconomique des personnes migrantes

Le projet “les migrant·es, acteur·trices du développement économique et social au Maroc”, dans le cadre du programme Amuddu, vise à favoriser l’insertion socioéconomique des personnes migrantes dans la région Rabat-Salé-Kénitra (RSK).

Depuis 2013, le Maroc a entrepris un vaste chantier de réforme de sa politique migratoire afin d’assurer une meilleure intégration des immigré·es et une meilleure gestion des flux migratoires selon une approche cohérente, globale, humaniste et responsable. C’est dans cette dynamique enclenchée que la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA) a été adoptée en 2014.

Ainsi, le programme Amuddu visait l’appui à la mise en œuvre de la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA), à travers l’employabilité des personnes migrantes, la dynamisation et le renforcement des capacités des membres du comité programmes 3 « Formation Professionnelle et Emploi » de la SNIA. Ces programmes visent à assurer l’accès des migrant·es à la formation professionnelle et à l’emploi afin de contribuer à la diminution des inégalités sociales liées à la problématique d’insertion des personnes migrantes au Maroc. Ce programme Amuddu était mené en partenariat avec le Ministère délégué chargé des marocains résidants à l’étranger (MDCMRE), l’ANAPEC et l’Entraide nationale, financé par la coopération belge et mis en œuvre par Enabel.

C’est dans ce cadre que chez Echos Communication, en partenariat avec le REMESS et CGLU Afrique, nous avons travaillé sur le projet « les migrant·es, acteur·trices du développement économique et social au Maroc ». Une initiative pour permettre, aussi bien au secteur privé et public qu’aux associations de proximité dans la région Rabat-Salé-Kénitra (RSK), de se mobiliser et travailler ensemble afin d’assurer aux personnes migrantes régularisées la formation, l’orientation, l’encadrement ainsi que l’accompagnement dans leur processus d’insertion socio-économique.

Les deux objectifs spécifiques du projet étaient, d’une part, un pool d’entreprises à responsabilité sociale qui est socialement actif, intègre la dynamique d’insertion des migrant·es régularisé·es au Maroc et travaille en synergie avec les objectifs d’insertion des migrant·es régularisé·es tracés par l’Etat marocain et avec le processus d’intégration socio-économique mise en œuvre par Enabel à travers le programme Amuddu. Et d’autre part, ce projet visait un programme d’accompagnement personnalisé combinant coaching, formations et stages professionnels permettant au migrant·e une meilleure intégration économique et sociale.

Ce projet a été financé par la DGD et mis en œuvre par Enabel.

Gautier Brygo

Gautier Brygo

Représentant pays - Maroc

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Des résultats positifs

Jusqu’à 125 personnes migrantes régularisées ont participé au projet, dont 105 femmes (84%). La surreprésentation des femmes dans le projet peut être imputée à différents facteurs : l’appui sur le Collectif de femmes migrantes au Maroc (Cofmima) pour démarcher des bénéficiaires ; l’insertion professionnelle supposément plus difficile pour les femmes qui seraient donc davantage à la recherche de formations et la volonté des organisateur·trices d’accompagner au moins 50% de femmes dans le cadre du projet, dans une démarche d’intégration transversale du genre.

Plus d’une centaine d’entreprises ont été démarchées par le REMESS et notre ONG pour participer à des plateformes d’échange qui ont eu lieu en distanciel en 2020 et en présentiel en 2021. Ces ateliers ont permis des échanges d’informations très importantes sur la thématique. En parallèle, nous avons contracté le cabinet de conseil H2Y pour mener à bien une mission “d’identification et de sensibilisation des entreprises RSE à la dynamique d’insertion des migrants·es au Maroc”. Son rapport final présente l’état des lieux des initiatives RSE à l’international et au Maroc ainsi que les comptes rendus des deux ateliers de 2021.

Une charte diversité a été rédigée, invitant les entreprises à prendre six engagements vis-à-vis de l’emploi de personnes migrantes : la non-discrimination, la sensibilisation et formation des services de ressources humaines, l’action contre la pauvreté et l’exclusion, l’inclusion pour la performance économique, la sensibilisation des employé·es et la communication sur la charte et la thématique. De plus, un questionnaire à destination des entreprises a été conçu par le MDMRE sur les besoins d’embauche de personnes migrantes.

Ces actions ont servi à faire un riche partage d’expérience entre les secteurs privé et public sur les freins et les opportunités actuels en termes de recrutement et d’accès à l’entrepreneuriat des personnes migrantes subsahariennes. La charte diversité et le questionnaire ont été présentés et les participant·es ont pu faire des retours dessus. Finalement, les procédures et mécanismes de soutien à l’emploi de personnes migrantes leur ont été expliqués, tel que le contrat aidé mis en œuvre par l’ANAPEC grâce à une subvention d’Enabel dans le cadre d’Amuddu.

Dans le second axe de ce projet, 13 agent·es d’insertion et communautaires ont été identifié·es et formé·es. Ces agent·es ont été recruté·es pour la quasi-totalité au sein d’associations de proximité qui fédèrent des communautés de personnes migrantes de la région RSK. Deux séances de formation, hachées en raison de la crise sanitaire, leur ont permis de se préparer à devenir eux et elles-mêmes formateur·trices (agent·es d’insertion), ou pour certain·es mobilisateur·trices (agent·es communautaires) au sein de leurs réseaux.

Le projet se concentrant sur les personnes migrantes régularisées, certaines associations s’en sont éloignées. Sept associations ont finalement été mobilisées sur la durée, et 5 agent·es d’insertion ont dupliqué les formations. Sept ateliers de formation ont eu lieu entre décembre 2021 et mars 2022. Au total, jusqu’à 125 personnes ont participé, dont 105 femmes. En plus des focus groups de l’étude baseline réalisés par notre ONG, des entretiens individuels ont été réalisés avec chaque bénéficiaire pour recueillir leurs besoins en termes de formation et d’accompagnement.

Les formations ont permis un partage de connaissances pratiques et théoriques, un renforcement de compétences sur la recherche d’emploi, sur le montage de business plan (recherche d’idées de projet, étude technique et financière, …) et sur l’écriture de CV et de lettres de motivation.

Des outils de capitalisation innovants

Avec l’appui de notre ONG, une mallette pédagogique a été conçue pour capitaliser sur l’expérience et permettre de futures duplications des formations. Ainsi, en avril 2022, les agent·es se sont vu·es remettre une attestation et les associations de proximité ont reçu la mallette pédagogique. En supplément, trois activités de vivre ensemble ont été organisées : une projection de film pour enfants, un atelier de danse et une cérémonie à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, comptabilisant une cinquantaine de participant·es.

De plus, une plateforme en ligne intitulée carnet de bord digital a été conçue pour recenser les profils professionnels des personnes migrantes bénéficiaires. Ce carnet avait une triple fonction : permettre au REMESS et à ses partenaires leur suivi sur la durée, créer de la visibilité sur les compétences des personnes migrantes vis-à-vis des entreprises, et aider les personnes migrantes dans leur recherche d’emploi (génération de CV, information sur des formations). À ce jour cependant, les entreprises n’ont pas rejoint la plateforme.

Finalement, l’évaluation globale du projet a été pilotée par notre ONG et nos partenaires en mai 2022.

Perspectives

Le carnet de bord que nous avons développé dans le cadre de ce projet pourrait devenir un outil pratique pour permettre le suivi des bénéficiaires, renforcer leur employabilité et fédérer les acteur·trices autour de la thématique. Encore à sa phase initiale, cet outil qui s’inspire de la blockchain* pourrait octroyer un gage de crédibilité aux formations reçues, en permettant à des formateur·trices tiers de valider par eux et elles-mêmes la liste des personnes formées. Cette transparence peut être utile au suivi d’indicateurs de projet comme elle peut être mise en avant auprès des entreprises intéressées par des profils. Le carnet pourra également être utilisé pour informer les personnes bénéficiaires de futurs événements, formations ou ateliers qui pourraient les intéresser. Encore en phase pilote, le carnet de bord pourrait être déployé à l’échelle nationale et par d’autres ONGs et associations locales.

* Une blockchain est une technologie qui permet de stocker et transmettre des informations de manière transparente, sécurisée et sans intermédiaire centralisé. Elle constitue une grande base de données qui contient l’historique de tous les échanges réalisés entre ses utilisateurs depuis sa création.

Les objectifs de développement durable en application sur ce projet

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