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En lumière. Profiteurs? Je ne le pense pas…
En lumière

Profiteurs? Je ne le pense pas…

La crise des migrants fait émerger le pire et le meilleur chez les Occidentaux. Beaucoup s’identifient aux hommes et aux femmes désespérés mais courageux, qui fuient leur foyer, et veulent donner un peu de leur richesse à des gens qui ont déjà fait assez de sacrifices. Un groupe de plus en plus grand se montre toutefois réticent et méfiant envers “ces profiteurs et chercheurs d’or, qui pensent que l’Occident est le CPAS du monde et qui veulent avoir leur part du gâteau sans mettre la main à la pâte”.

Tout dépend évidemment de ce que l’on entend par le “profitariat”. Une grande partie de la population européenne n’envisage pas les événements dans une perspective historique : elle ne se concentre que sur les cinq dernières années. La réalité est évidemment biaisée par une telle approche. Il y a huit ans, le Néerlandais Eric Krebbers avait déjà pointé du doigt l’eurocentrisme criant dans toutes les communications – films, livres, recherches, discussions publiques – sur la Deuxième Guerre mondiale. La participation au conflit de millions d’habitants d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine est presque toujours passée sous silence. Quand il s’agit de la Deuxième Guerre mondiale, la plupart des Européens et des Américains pensent à des paysages, des victimes et des soldats occidentaux ou russes.

Omar Ba, consultant en interculturalité et réseaux internationaux, s’étonne également de cette amnésie impardonnable, 75 ans à peine après le dernier conflit mondial. L’image de la participation africaine à la Deuxième Guerre mondiale doit être rectifiée, estime Omar Ba. “600 000 Africains – plus que tous les Alliés réunis – ont lutté en Europe contre Hitler. Est-ce une anecdote? Un fait divers? Je ne le pense pas. Les Africains ont largement contribué à la prospérité de l’Europe et on ne peut pas simplement les qualifier de profiteurs. Il existe un film sur la contribution africaine à la Deuxième Guerre mondiale.[1] À ma grande désillusion, à la fin, le héros, un officier algérien retraité, se retrouve dans un foyer (un logement social bon marché pour occupation temporaire) en France. Il a donné son sang à la France, mais il finit pauvre et oublié. Il est crucial de connaître son histoire pour pouvoir émettre le bon jugement ensuite.”

 

Sylvie Walraevens

 

[1] “Indigenes”, 2006

 

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