Nous le savons : l’esprit humain n’a pas le monopole de la sagesse. Pourtant, nous dédions fréquemment notre pensée à des choses qui nous dépassent, telle la gestion du stress ou de sentiments déplaisants. Lors d’une expérience négative, nous nous abandonnons par réflexe à la pensée par scénario : «Et si ça ne marchait pas?» «Que va-t-il penser de moi?» Nous alimentons nos craintes avec nos propres pensées dans une tentative désespérée de reprendre le contrôle. D’autres refoulent leur stress avec, pour conséquence, des retours de flamme inopinés. Le temps est venu de prendre une pause. « La Pleine conscience est un moyen d’arrêter cette spirale négative », explique Sybille Decoo, formatrice en Pleine conscience et thérapeute. «En détournant votre attention sur l’instant présent, l’enchainement de pensées et d’émotions s’enraye et la pression redescend. Vous observez vos sentiments et vos pensées sans les juger. Vous reconnaissez simplement qu’il se passe quelque chose. Notre corps est un baromètre infaillible. Vous concentrer sur votre corps, vous amène directement dans l’instant présent car il est, par définition, dans l’ici et le maintenant.» La notion de l’instant présent est au centre de la Pleine conscience. «Le présent est la seule chose dont vous êtes sûr», clarifie Sybille Decoo. «Le passé n’est plus et le futur n’est pas encore. Se perdre dans les souvenirs du passé ou se battre contre les projections du futur nous font manquer les possibilités du présent. Un exemple ? Une personne qui récupère d’une dépression ressent à nouveau de l’angoisse suite à une conversation téléphonique désagréable. “Je retombe dans la dépression”, conclut-elle. Mais en réalité, elle associe une image du passé, sa dépression, au sentiment d’anxiété présent et le projette dans l’avenir. Cette interprétation de ce moment de tristesse l’entraine dans une spirale négative, alors qu’elle n’était pas dépressive à ce moment-là, mais tout au plus très préoccupée. Tenter de voir son expérience présente le plus objectivement possible apporte une plus grande ouverture d’esprit. La Pleine conscience peut donc prévenir les rechutes.» «Celui qui s’exerce à vivre l’instant pré sent, le ressent comme très libérateur. Penser par scénario, analyser ou spéculer prend beaucoup d’énergie et nous donne la fausse impression de contrôle. Mais c’est une illusion, parce que nos pensées sont formées sur des modèles habituels. Nous perdons de vue que la réalité bourgeonne souvent d’aides insoupçonnées, que dans l’espace extérieur à nos pensées, il y a souvent une solution. Cette simple capacité d’être dans l’instant présent nous aide à entrer en contact avec notre créativité et une sorte de sagesse intuitive.» La Pleine conscience est une technique et ses fruits, un mode de vie. Le programme de formation a été élaboré par le médecin américain Jon KabatZinn et se compose de huit séances hebdomadaires de 2 heures 30 par jour, complétées par des exercices individuels. Exercice de générosité. Une invitation à cesser la lutte contre les émotions et les pensées. Un exercice de non-jugement et de prise de conscience des émotions négatives et positives. Vous apprendrez à focaliser l’attention sur le corps et sur l’instant présent. Reconnaître ce qui est. Permettre et reconnaître des expériences stressantes, des pensées difficiles, des émotions désagréables, des tensions. Les accepter pour gagner en liberté. Et la communication. Apprendre à communiquer ouvertement et honnêtement. La communication humaine est souvent un facteur ou une situation de stress. La Pleine conscience montre la voie vers une vie d’authenticité. Autres exercices La Pleine conscience… …est très simple, une capacité inhérente à l’homme et accessible à tout le monde. …a été développée sur la base de la recherche scientifique et les résultats ont été statistiquement constatés. …peut être appliquée tant dans le contexte thérapeutique que dans le milieu professionnel ou organisationnel. …crée la liberté par la découverte et la reconnaissance de vos sentiments et de vos pensées. Vous vous détachez des émotions négatives, sans les repousser. …arrête la spirale négative de la pensée par scénario convulsive. Elle ouvre la voie à une pensée plus claire, ce qui aboutit à des solutions inattendues. …entraîne la relaxation, non pas en tant qu’objectif poursuivi, mais comme le fruit de l’attention sur l’instant présent. …favorise la créativité, car l’attention sur l’instant présent se débarrasse des modèles habituels et restrictifs. …ouvre la voie à d’autres types de sagesse que l’intellect. Christiane De Mesmaeker, ergo¬ thérapeute et coordinatrice pastorale au Koninklijk Instituut Wo¬ luwe (jeunes souffrant notamment d’autisme). Elle est également accompagnatrice artis¬tique et spirituelle à la prison d’Ittre. « La Pleine conscience est la thérapie la plus performante que j’ai apprise en 34 ans de carrière. Pourtant, l’apprentissage n’a pas été simple. On est radicalement confronté à soimême. Mais, et c’est là la particularité de la méthode, cela se fait de manière bienveillante, ce qui agit comme une force libératrice. La formation m’a apporté des clés qui ouvrent un nombre incalculable de portes et qui permettent de vivre la réalité telle qu’elle se présente. J’ai développé un cours de base adapté au travail avec des jeunes autistes qui traite de leurs incertitudes, leurs peurs et leurs stress. J’espère aussi pouvoir utiliser cette méthode avec des prisonniers. Je veux leur montrer que dans leur réalité, où ils sont privés de tout, ils peuvent aussi exister. » Full Catastrophe Living: Using the Wisdom of Your Body and Mind to Face Stress, Pain and Illness Jon Kabat-Zinn. Éditions Delta (1991). Comment apprivoiser le stress par la Pleine conscience. Une introduction aux approches basées sur la Pleine conscience Edel Maex. Éditions De Boeck (2011).outil
La Pleine conscience
Notre compteur émotionnel peut rapidement monter dans les tours. Notre capacité à ruminer et analyser sans arrêt est parfois bien ancrée. Ces efforts frénétiques pour avoir une emprise sur notre peur ou notre frustration ne nous mènent pourtant nulle part.
Blaise Pascal, mathématicien du 17ème siècle, le savait déjà : «le cœur a ses raisons que la raison ne connait point». Aujourd’hui, c’est ce qu’on appelle la Pleine conscience.
Le corps, baromètre infaillible
Un vieux chemin dans les bois
Les techniques de méditation et de concentration sont vieilles de plusieurs siècles. Déjà le Bouddha, Siddharta Gautama, affirmait, il y a 2500 ans, n’avoir découvert qu’un ancien chemin dans les bois. Rien de nouveau sous le soleil, c’est aussi le point de départ de la Pleine conscience. Car la Pleine conscience est l’entrainement d’un pouvoir qui est déjà en nous : la capacité d’être. « Pourtant, la Pleine conscience n’est pas une technique de relaxation ou de concentration», détaille Sybille Decoo, sans intention de diminuer la valeur de ces pratiques. «La Pleine conscience est un entrainement de l’attention qui enseigne à voir ce qui est. Elle autorise les émotions et ne les rejette pas sans cesse. La Pleine conscience reconnaît les pensées négatives ainsi que les douleurs et apprend à composer avec elles. Paradoxalement, on peut parvenir à un état de calme en ne faisant qu’un avec la sensation d’agitation. La chance d’aboutir à la détente grâce à ces exercices est plus grande parce que vous ne la recherchez pas à tous prix.»
Le passé n’est plus, le futur n’est pas encore
La Pleine conscience dans les relations Nord-Sud
Cette ouverture à l’intuition et à la valorisation de l’instant présent est plus développée dans de nombreuses cultures non occidentales. Il n’est pas à exclure que la Pleine conscience puisse se développer dans des régions comme l’Afrique. Mais il faut rester prudent dans la manière d’utiliser le modèle, confirme Sybille Decoo. «Un agent de développement qui connait les avantages de la Pleine conscience, doit appliquer la technique sur lui-même en premier lieu. Si vous l’incarnez, vous travaillerez et vous entendrez avec les gens différemment. Beaucoup de tensions dans les relations de partenariat Nord-Sud tournent autour de points de vue divergents et de préjugés. La Pleine conscience permet la présence de ces sentiments négatifs. Tout homme connait des moments d’irritation. Un agent de développement qui se surprend avec des pensées racistes lors d’un conflit, l’évitera souvent par un point de vue politiquement correct. Mais se lâcher complètement requiert de se l’avouer, le reconnaître, et de créer ainsi la possibilité de s’ouvrir et de se libérer des points de vue restrictifs, basés sur des modèles d’habitudes malsaines.»
La Pleine conscience comme technique
Séances 1 à 3
Séances 4 et 5
Séance 6
Séances 7 et 8
Les forces
Les limites
Christiane De Mesmaeker
Témoignage
en savoir +
Outils. La Pleine conscience
Posted on 29 October 2015 in Comportement et attitude, n'GO Blog, News, Outils, Relations humaines, Sylvie Walraevens