, tout partait d’une simple anecdote : notre hebdomadaire Les Afriques avait reçu une journaliste américaine de type caucasien en qualité de stagiaire à son bureau de Casablanca. Pour tester notre théorie du mythe de Tarzan, nous l’avions mise au défi d’obtenir un entretien téléphonique avec deux palais présidentiels africains. à la première tentative, le rendez-vous était pris. Les conseillers des présidents africains et les chefs de certains partis politiques étaient prêts à envoyer un billet d’avion, et la kola de rigueur, à ladite journaliste stagiaire et néophyte par rapport à l’actualité africaine, alors que des spécimens chevronnés, parce qu’Africains et « Bantous » peut-être, recevaient continuellement, depuis deux années, une fin de non-recevoir. Au sommet de l’état comme dans le milieu des entreprises, l’Afrique mine sa capacité à se prendre en main par une sous-valorisation permanente des compétences africaines et, souvent, par une sorte de prime à la blancheur dédiée aux non-Africains. Des partenaires européens, comme ce jeune Français altermondialiste, volontaire d’une ONG dans le Kivu, dénoncent régulièrement ce phénomène : « On m’emmène là pour protéger les gorilles. N’importe quel membre d’une des tribus du Kivu le ferait mieux que moi et avec un moindre salaire », confiait le volontaire à Les Afriques. Les élites africaines ont une responsabilité majeure dans la diffusion de cette attitude à travers la population africaine. Si, tout en haut, les chefs d’état et les élites économiques ne peuvent soutenir la qualité et les compétences africaines, l’exemple d’une infériorité n’est-il pas donné à l’Afrique entière ? Comment croire en soi, comment se mobiliser, comment oser dès lors que le blanc fera de toute façon mieux que nous ? Comment espérer que la population n’intègre pas cette vision diminuée d’elle-même ? Comment alors compter sur un développement économique ou un développement tout court ? Le développement, quel qu’il soit, passe nécessairement par une construction valorisante de l’image de soi. L’exemple doit venir d’en haut. Dans la coopération, la responsabilité des acteurs du développement comme les ONG du Nord est bel et bien de favoriser le potentiel et l’excellence africaine… parole d’expert
Le mythe de “Tarzan” !
Dans un article précédemment publié dans l’hebdomadaire Les Afriques, j’évoquais le mythe de « Tarzan », une manière bien africaine de donner la préférence aux blancs dès qu’une compétence est requise.
À la base
Une prime à la blancheur en Afrique ?
Ce complexe que j’appelle le mythe de Tarzan veut que l’un des spécialistes africains du green business soit moins rémunéré que son collègue « blanc » dans une prestation similaire en Afrique. Ce mythe veut que la seule société de notation ouest-africaine soit encore à la recherche de son premier client et qu’une disposition ubuesque en Afrique de l’Ouest exige un « consultant international » dans certains marchés, sans apporter une définition académique ou pratique au concept de « consultant international ». Ce mythe veut enfin que la quasi-totalité des conseillers de nos chefs d’Etat francophones sont des agences européennes. Les millions d’euros versés par Abdoulaye Wade à Image 7 pour sa campagne de 2012, ceux consacrés à Euro RSCG par Laurent Gbagbo et Alpha Condé, ceux versés jadis à Séguéla le pharmacien, traduisent une certaine posture, et non le fait, comme on veut nous le faire croire, qu’il n’y a pas d’agences africaines compétentes pour mener une campagne présidentielle en terre africaine.Favoriser le potentiel