Se basant sur l’assertion « qu’aucune action ne peut être entreprise s’il n’y a pas de solutions acceptables par tous aux problèmes existants »(2), le processus de décision sociocratique exige un fort taux de participation et que chacun expose un aspect du problème selon son propre point de vue, fournissant ainsi une contribution précieuse à la solution finale. Au passage, on notera que cette implication de chacun offre une réponse à un aspect classique de la résistance au changement: la sensation de ne pas avoir été impliqué dans le processus de changement. Si la hiérarchie n’a aucun impact sur la prise de décision, les structures organisationnelles classiques n’en deviennent pas pour autant désuètes: un modèle pyramidal, par exemple, continue à exister. En effet, si l’égalité prévaut lors des réunions où sont prises les décisions, la mise en œuvre de ces dernières reste soumise à la hiérarchie. La structure sociocratique de prise de décision est donc complémentaire à la structure hiérarchique d’exécution. La sociocratie fonctionne selon certains principes et règles de base qui garantissent la dynamique participative. Au sein d’une organisation, chaque unité de travail forme un cercle de décision doté d’une grande autonomie. Chaque cercle comprend des participants de différents niveaux hiérarchiques. Lors des réunions, ils prennent la parole à tour de rôle; personne ne peut réagir immédiatement à la contribution d’autrui. Pour Martine Marenne, ce temps de réflexion permet de tempérer les émotions fortes et aide chacun à exprimer clairement sa pensée. Le modèle sociocratique vise à trouver une solution qui convienne à chaque participant; il est donc différent du consensus, qui implique que la minorité se plie à la décision de la majorité. Cela ne signifie pas pour autant que tout le monde soit complètement d’accord avec la solution proposée, mais plutôt que personne n’ait d’objection importante et raisonnable. « Les objections émises de façon constructive et qui tendent vers une meilleure solution, ne sont pas ressenties comme des obstacles mais plutôt comme source de créativité », poursuit Martine Marenne. Une bonne décision intègre les limites des différentes personnes qui y seront soumises, ceci permettant d’éviter le traditionnel jeu de gagnant-perdant. Dans tout processus, deux rôles sont attribués: celui de facilitateur et celui de secrétaire. Le premier s’assure de l’application des règles et guide le groupe jusqu’à la prise de décision; le second veille à ce que l’ordre du jour et les temps de parole soient respectés. On ne peut pas se porter candidat à ces postes, qui seront attribués à des personnes du groupe non sur base de leurs fonctions officielles mais plutôt de leurs qualités (compétence, disponibilité…). Le principe du double lien permet de renforcer la collaboration entre les différents cercles de décision d’une même organisation. Chacun d’entre eux est représenté dans le cercle de niveau supérieur par deux de ses membres: le supérieur hiérarchique qui constitue le «premier lien» et un élu du cercle qui représente, lui, le« secondlien». Ce duo assure la communication entre les différents cercles de décision. (1) L’appelation américaine de la sociocratie. (2) Ce principe de la sociocratie est issu des travaux de Kees Boeke (1884-1966) « Je travaille avec des opérateurs d’organisations différentes ayant chacune leur structure décisionnelle et leur dynamique organisationnelle. La sociocratie m’aide à maîtriser cette diversité sans rien imposer. Une fois que les participants ont mis de côté la pensée pyramidale et ont défini différemment les rôles, le processus de groupe se déroule de manière beaucoup plus structurée. La distinction entre le processus de décision stratégique et le niveau de l’exécution est posée; les rôles sont clairs. De plus, la méthode aide à structurer les flux d’informations entre les différentes entités. Finalement, il est également beaucoup plus agréable de travailler avec des gens qui dépassent leur propre intérêt pour plutôt travailler à une solution collective. Evidemment, tout cela nécessite un certain effort. » « La méthode du cercle où tout le monde a un temps de parole délimité mais assuré, contribue à une importante quiétude. Personne ne doit se battre afin de se faire entendre et personne ne domine la conversation. Comme la méthode sociocratique va à l’encontre de notre façon naturelle de discuter, la principale difficulté est le respect de ses règles. Aussi, réussir à laisser l’intérêt général l’emporter sur son intérêt personnel nécessite un réel apprentissage. Même si tout cela prend beaucoup de temps, une fois le groupe habitué, la méthode s’avère très efficace et responsabilisante ». Pour assurer la réussite du modèle sociocratique, l’aval de la direction de l’organisation est bien sûr nécessaire, mais il faut également qu’elle soit encline à changer son mode de gestion. La sociocratie s’apprend et demande généralement un effort important afin de parvenir à mettre son intérêt personnel de côté au profit de la décision collective. Les méthodes participatives sont très ancrées dans les cultures africaines et latino-américaines, qui connaissent, par exemple, le bâton de parole. Il s’agit d’un bâton que l’on fait tourner dans le groupe et qui donne la parole à celui qui l’a en main. Les autres montrent alors leur respect en l’écoutant et en ne l’interrompant pas. Print Karl Albrecht, L’intelligence sociale, Edition de l’Homme, 2008. Stephen Covey, Le pouvoir de la confiance, First Edition, 2008. Marshall Rosenberg, Communication & Pouvoir , Edition Esserci, 2008. Web www.sociocracy.be www.sociocratie.nl sociocracyuk.ning.com www.socionet.usoutil
SOCIOCRATIE. La puissance de la participation
Envie de réussir ? Sûrement. Après l’appel à la barre de l’intelligence rationnelle, puis de l’intelligence émotionnelle parmi les principaux facteurs de succès, débarque aujourd’hui, l’intelligence sociale, essentielle au fonctionnement d’un groupe. Ouverture à la sociocratie, modèle collaboratif par excellence.
La sociocratie a été développée dans les années 70 par Gerard Endenburg afin de mettre un terme aux incessants conflits qui régnaient au sein l’entreprise familiale. L’idée forte a été d’installer une collaboration et une gestion qui, postulant l’égalité des membres du groupe, requièrent la participation de tous et visent à assurer le vivre ensemble dans le respect de chacun, tout en proposant des instruments très concrets. « La sociocratie met en évidence une lacune de notre modèle d’éducation occidental: le manque de reconnaissance de la valeur de l’intelligence collective», analyse Martine Marenne, spécialiste en dynamique participative et Dynamic Governance (1), qui pousse plus loin la comparaison : «dans la culture africaine, le collectif est une source inépuisable de sagesse et de richesse». Rien d’étonnant donc si ce système de décision participative favorise la collaboration des groupes locaux puisqu’il met sur un même pied connaissance de terrain, expérience de la population locale et expertise technique du coopérant.
Le modèle
Participation : OK – Hiérarchie : OK
Comment ça marche
Les forces
Les limites
Hélène Wilders
Témoignage
Marie Chatelle
Témoignage
Les prérequis
Le baton de parole africain
En savoir plus
Outils. Sociocratie : la puissance de la participation
Posted on 17 August 2015 in n'GO Blog, News, Outils, Sylvie Walraevens