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Enquête ONG. Conclusion

L’Homme si complexe à cerner

L’enquête révèle que les ONG belges se sont aujourd’hui alignées sur un mode de fonctionnement standardisé, même si dans la mise en œuvre la hiérarchie des priorités peut varier. Les grandes lignes qui le décrivent ne sont qu’une confirmation de l’impact du cadre logique : une opérationnalisation axée sur les projets visant des résultats à atteindre, annoncés avant leur commencement. Rien d’étonnant non plus si l’on constate que le principal levier de transformation sociale est le système (système de santé, d’éducation, de gouvernance…).

De manière cohérente, les ONG se concentrent sur la transmission de savoirs et de savoir-faire. Par ailleurs, les ONG sont sensibles à la question de l’interculturalité (le contraire eut été inquiétant…). Les mêmes conclusions peuvent être interprétées en creux : ce n’est qu’après avoir épuisé la transmission des savoir et des savoir-faire qu’apparaît un timide, très timide, trop timide intérêt pour les savoir-être : seuls 15% des ONG s’y consacrent !

Convaincues mais peu outillées

Plus précisément, les préoccupations des ONG sont d’abord consacrées à la réussite des projets et ensuite à la logique institutionnelle de l’ONG (efficience, administration, finances…) : elles sont abordées par des processus formels. Ce n’est qu’ensuite qu’apparaissent les initiatives qui accompagnent les membres de l’équipe des ONG dans leurs comportements, celles qui requièrent des outils qui touchent l’humain, les « soft skills ».

Ce constat serait banal s’il n’était accompagné d’une réelle conviction des répondants, largement partagée, quant à l’importance de la vision de l’humain et du rôle crucial de l’attitude et des comportements comme éléments-clés de la réussite de leurs projets. L’explication de cet écart semble se trouver dans la faible disponibilité des outils qui peuvent agir sur les comportements. « On voudrait bien, mais on ne sait pas comment » est le message qui ressort.

Du point de vue de la gestion des ressources humaines, les ONG ont tendance à n’utiliser que la boîte à outils standard : profils de poste, entretiens d’évaluation, etc. Curieusement, des outils tels que le coaching professionnel ou des disciplines psychologiques ou sociologiques plus pointues, qui ont pourtant fait leurs preuves en termes d’efficacité dans de nombreux autres secteurs professionnels, sont peu répandus. Pour peu que l’intention soit réellement présente, ces outils permettent pourtant d’offrir aux membres de l’association des dynamiques qui associent une plus grande efficacité professionnelle à une opportunité de grandir personnellement.

L’enquête révèle qu’il y a méconnaissance de ces outils et disciplines dans le secteur de la coopération. Pour contourner la lacune, l’adage semble être « Grandissons par engagement de nouvelles compétences. Accordons une grande importance aux savoir-être au moment du recrutement, cela devrait suffire ! ». Constat corroboré par la faiblesse de l’investissement ultérieur dans des mesures de développement de savoir-être, domaine peu maîtrisé par le secteur. L’intérêt d’un tel constat réside dans les marges de progression disponibles.

Des outils existent et sont accessibles, pour peu qu’on y soit réceptif. C’est notamment à leur diffusion et à celle des expériences de chaque acteur du secteur en matière de relation et de comportement que s’attèlera notre e-zine n’GO. Dans un esprit de partage bien présent dans le secteur des ONG.

 

Dossier préparé par Renaud Deworst, Pierre Biélande et Miguel de Clerck // Responsable de l’enquête : Miguel de Clerck

Conclusion en un clin d'oeil

 

Le relationnel a un grand impact sur les projets


Les ONG sont équipées pour gérer les comportements


Les compétences en savoir-être sont primordiales


Les ONG proposent des formations en savoir-être


Les ONG sont ouvertes à découvrir des outils qui facilitent la gestion des problèmes relationnels

 

Remerciements

 

Cette enquête n’aurait pu être valablement menée sans la participation des personnes interviewées au sein des ONG. Souvent, elles n’ont pas compté leur temps, ont toujours tenté de répondre au plus juste et ont fait preuve de beaucoup de franchise. Sans parler de l’excellent accueil qui a été fait aux interviewers d’Echos Communication ainsi qu’au sujet abordé par cette enquête. Au nom de toute l’équipe d’Echos Communication, qu’ils en soient ici sincèrement remerciés.

 

Ne pas se tromper de combat

 

Pierre_BielandeAujourd’hui, le paysage belge des ONG est en évolution constante. Que ce soit sous leur impulsion propre, ou à la demande de bailleurs, les manières de gérer les projets changent. Les grandes tendances sont l’utilisation du cadre logique (avec ses forces et ses faiblesses) et la diminution du nombre d’expatriés. On peut dès lors se demander comment envisager une coopération où les rencontres physiques seront comptées, où les relations humaines interculturelles seront rares, où les relations seront régies par des processus et procédures formels, où les programmations et planning deviendront sacrés ? Cette caricature décrit un système dont rien ne garantit l’efficacité s’il ne prend en considération les comportements humains, individuels et collectifs. Or, les logiques actuelles qui se centrent de plus en plus sur des processus – comme EFQM –, laissent de moins en moins de place à la dimension relationnelle. Malgré leurs mérites, tous ces processus, pourtant indispensables, font l’impasse sur la dimension informelle de l’échange d’information, celle où se niche le cœur de la relation à l’autre. L’hypothèse d’Echos Communication est qu’au-delà des métiers actuels, bien maîtrisés par l’essentiel des ONG, la différence d’efficacité et d’impact se fera dans la capacité à intégrer les comportements humains, individuels et collectifs tout au long du processus d’accompagnement : les identifier, les comprendre, les gérer. Chez l’autre. Chez soi. Dans la relation. Dans l’organisation.

 

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