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comment faire pour…

Rassurer une personne stressée et anxieuse

Une véritable anguille… Impossible de la coincer quelque part. On sent bien qu’il y a un truc qui cloche. De fait, ce qui aurait dû être fait il y a trois jours n’avance pas. La personne paraît anxieuse, sa seule envie semble d’être ailleurs. Plus on la met face à ses responsabilités, plus elle semble conciliante, mais moins elle décide. Pire, elle vous évite dans les couloirs. Bienvenue dans le monde de la fuite !

Retour sur Henri Laborit et les trois formes de stress. Comment savoir qu’une personne vit un stress de fuite et comment faire en sorte qu’elle en sorte ?

Que se passe-t-il lorsqu’un animal – disons, une gazelle –, se sent menacé par un prédateur – disons, une lionne ? Pas compliqué, la gazelle dans un premier réflexe de survie se met à galoper à en perdre haleine. À un tel point qu’elle en perd toute lucidité, la pauvre étant complètement focalisée sur le gros matou qui lui court après. Ce manque de lucidité pourrait bien lui réserver une mauvaise surprise, les autres lionnes étant comme par hasard postées sur son trajet de fuite, l’attendant avec allégresse et délectation. Heureusement, la nature est bien faite. Bien souvent, notre gazelle s’en sort.

Que se passe-t-il lorsqu’un homme ou une femme fait face à la même lionne? Pas plus bête, il se met à courir. Elle aussi d’ailleurs.

Ce réflexe de fuite est bien le premier instinct de survie qui a permis à l’humanité de se développer. Face aux lions, à moins de grimper rapidement dans un arbre, la fuite semble un réflexe bien futile. Mais c’est bien le premier réflexe : courir, fuir.

Un comportement inadapté

Ce mécanisme de fuite basé dans les structures reptiliennes de notre cerveau et qui assure notre survie, fonctionne aussi avec des sujets qui n’ont rien à voir avec la survie. Genre, vous devez écrire un rapport et vous ne vous sentez pas compétent pour le faire. Genre aussi, on vous demande d’intervenir en public et vous n’aimez pas ça. Genre encore, il vous appartient de sermonner un collaborateur alors que vous êtes allergique au conflit.

Genre enfin, vous devez remplir de la paperasserie administrative et vous ne vous sentez ni talent ni envie pour le faire. Bref, ces milliers de trucs qu’on n’a pas envie de faire et qu’on réserverait bien à d’autres, peuvent nous mettre dans un état de stress de fuite. Particularité, comme socialement, on ne peut pas partir comme on le voudrait, il s’avère souvent impossible “de prendre la poudre d’escampette”.

Cette volonté de fuir se marque alors par des micro-comportements car le corps ne peut masquer cette pulsion, il laisse donc échapper de précieux indices…

Observer pour identifier

La véritable difficulté est d’identifier le stress de fuite à travers ses symptômes et donc les aspects comportementaux. Mais un symptôme ne suffit pas. L’exemple des insomnies, l’un des symptômes du stress de fuite, nous le fait rapidement comprendre.

Premier piège : est-ce bien lié à du stress ? Les causes d’une insomnie sont en effet nombreuses : excès d’alcool, de caféine, troubles du sommeil liés à l’apnée, prise de médicaments décongestionnant, maladie de Parkinson, etc. Deuxième piège, tous les symptômes ne sont pas nécessairement faciles à observer : certains cachent merveilleusement leur anxiété, d’autres ne vous diront jamais qu’ils souffrent d’insomnies. C’est donc par le cumul des symptômes qu’on arrive à la bonne conclusion.

Pour commencer le travail de détective, il s’agit de repérer ce qui met systématiquement une personne en retard ou les choses qu’elle ne fait jamais alors qu’elle devrait les faire. C’est un premier indice d’un dysfonctionnement, mais cela ne suffit pas. Encore faut-il savoir de quel dysfonctionnement il s’agit. La deuxième étape consiste donc à s’attacher à l’observation de comportements auxquels on ne prête généralement pas d’attention comme un regard fuyant ou une déglutition. Se mettre à l’écoute de l’autre et l’observer reste la clef d’une bonne interaction. Le bon diagnostic permettra d’adopter le bon comportement, lequel permettra de sortir la personne de son état de stress. Mais l’essentiel reste à venir, travailler avec bienveillance à une réponse structurelle.

 

 

Les symptômes du stress de fuite

Signes physiologiques

  • Rougissement de honte
  • Insomnie
  • Déglutitions
  • Respiration rapide
  • Palpitation

Signes micro-comportementaux

  • Regard fuyant, qui “cherche la sortie”
  • Sourire flou
  • Voix instable

Vécu interne de la personne

  • Envie d’être ailleurs
  • Trac, gène
  • Anxiété, crainte de l’agression
  • Peur de la contrainte
  • Recherche de la conciliation
  • Confusion mentale, difficulté à organiser sa pensée

Ces symptômes peuvent être cumulés.

 

Comment interagir avec le stress de fuite ?

1

Comprendre le message

La personne en stress de fuite est très souvent conciliante car elle sait qu’elle devrait faire quelque chose qu’elle ne fait pas. Mais cela ne résout pas son problème : « j’aime pas, je n’ai pas confiance en moi, je ne peux pas le faire, je n’ai pas les ressources pour le faire, j’ai peur de rater, etc. ». Son message est tout simple : « je ne peux pas faire face donc je veux m’échapper ».

2

Evitez le réflexe habituel

En face de quelqu’un qui fuit, la tendance est classique : « mais qu’est-ce que tu attends pour le faire? ». C’est parti pour un rappel de ses obligations. On le juge, on lui fait la morale. Pire, comme il est vite énervant: on se met à menacer, à sanctionner. Inutile de dire que tout cela revient à le coincer alors qu’il n’a qu’une envie : être ailleurs.

3

Le sortir de l’état de stress

Première étape : ouvrez la porte. L’analogie : coincez un chat dans vos bras, il ne pense plus qu’à se sauver. Relâchez votre étreinte, notre félin s’éloignera de quelques mètres ou d’à peine un ou deux pas. Il quitte aussitôt son état de stress.

Dès que la personne sent qu’il existe une sortie, elle est soulagée. Cette porte de sortie peut exister au propre comme au figuré : «tu sais que si c’est fait dans cinq minutes, c’est du pareil au même…». En bref, dédramatisez. Deuxième étape : passez à l’écoute active. Prenez une posture de coéquipier qui aide à y voir plus clair. En état de stress, la pensée est très confuse et focalisée sur un seul objectif, la fuite. Avec des questions ouvertes, aidez l’autre à exprimer ce qui lui donne l’impression de ne pouvoir faire face. Puis reformulez en objectivant. Proposez-lui de fixer lui-même ses objectifs pour lui redonner le sentiment de maîtrise de la situation. Peu à peu, y voir plus clair sans qu’il y ait menace de sanction, fera sortir la personne de son stress

4

S’attaquer aux causes structurelles

Ce passage n’a qu’un temps, dès que la personne retrouve sa lucidité il faut aborder les logiques structurelles qui le mettent dans cet état. Sinon, à l’avenir, les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Ce qu’en dit le Larousse


Fuite : Action de chercher à se dérober, à se soustraire à quelque chose de pénible, de dangereux : ex. « On lui reproche sa fuite devant ses responsabilités. » 

Pour aller plus loin

L’intelligence du stress, Jacques Fradin. Éditions Eyrolles (2008).

La légende des comportements, Henri Laborit. Éditions Flammarion (1994).

Pour un aperçu des comportements liés au stress (fuite, lutte, inhibition).

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