Conversion à l’intelligence collective

Un individualiste forcené et perfectionniste parle avec humour de sa conversion à l’intelligence collective et en présente les grandes clés. Voici un extrait :

« Notre monde est gouverné par la pensée dualiste. Nous pensons de manière dualiste. C’est un mécanisme de survie développé par notre cerveau reptilien. C’est un mécanisme nécessaire et pas mauvais en soi. Nous pensons en termes d’opposition : êtes-vous avez moi ou contre moi ? Êtes-vous mon allié ou mon ennemi ? Avez-vous raison ou tort ? Et quand deux personnes pensent de manière dualiste – ce qui est le cas pour la plupart d’entre nous, la plupart du temps – et sont engagés dans une conversation – pas même dans un débat ou dans un conflit – et qu’elles évoquent une question sur laquelle elles ont des points de vue différents, la conversation est condamnée d’avance. Car dès ce moment, l’égo de chacun des intervenants floute l’opinion de ceux-ci. Chacun commence un combat pour ne pas perdre la face : l’objectif est alors de défendre sa position, coûte que coûte. Ce genre d’interaction est en réalité une source de perdition pour toutes les parties concernées, même si l’une d’entre elles remporte le débat. Si je vous ai piégé par un argument, j’ai en réalité perdu. Parce que je n’aurai rien appris. Je n’aurai fait que confirmer mes propres certitudes, mes propres a priori. J’aurai fait en sorte de vous avoir piégé et de vous avoir ôté toute envie de continuer à m’écouter. J’aurai agrandi le faussé qui nous sépare. Mais si j’appréhende cet échange comme si nous étions tous les deux du même côté, je considérerai votre désaccord comme une possibilité d’apprendre quelque chose. Vous pouvez m’enseigner des choses auxquelles je n’aurais jamais pensé. Et si vous adoptez le même comportement, il n’y a plus de pensée dualiste. Nous écoutons tous les deux, nous posons chacun des questions. Nous faisons tous les deux l’effort de considérer cette question dans laquelle nous sommes émotionnellement impliqués d’un nouveau point de vue. »

CÉLINE PRÉAUX